Un autre bilan (Chroniques d'un confinement VII)

Le sujet de mon précédent article a été le bilan de mon travail avec les allophones au moment du confinement.
Je n'ai pas évoqué leur travail avec les autres enseignants. Parce qu'il a été pratiquement inexistant.
Aucun protocole de suivi pédagogique à distance ni harmonisation des pratiques à leur destination n'ont été mis en place pour ces élèves à besoin particulier, les plus fragiles de l'établissement.
J'ai très vite communiqué à mes collègues ma façon de procéder : je leur ai donné les mails perso de mes élèves et leur ai expliqué que je bossais essentiellement par Whatsapp. Je n'ai pas eu de retour.
Les élèves qui ont réussi à accéder à d'autres matières que le français sont les plus autonomes et avancés en langue du dispositif ou ceux qui ont été aidés par leurs parents (D. mon élève colombien dont le beau père est français par exemple). Ils représentent à peu près 20% des effectifs.
Mes autres élèves n'ont suivi que mes cours de français.
Une maman s'est étonnée de cette situation, je n'ai pas su quoi lui répondre et j'ai culpabilisé, aussi. Prise dans mes propres problématiques (comment faire cours de façon efficace aux allos pendant ce confinement) je n'ai pas voulu m'occuper de ça. Ce n'était pas mon rôle, mais ça fait partie des missions que je peux assurer quand je m'en sens l'énergie. Là, j'ai senti que je n'aurais pas la force, à distance. C'est d'ailleurs assez révélateur de ce que je constate depuis que je suis enseignante, l'espoir est du côté des mômes : je me suis sentie capable de faire bouger les lignes avec mes élèves mais pas avec mes collègues...
J'essaie de positiver et de me dire que ce n'est pas grave, le principal c'est qu'ils aient pu suivre correctement leurs cours de français. Mais c'est tellement révélateur des dysfonctionnements sur leur prise en charge que rien que d'y penser, parfois, cela m'oppresse.
Que dire de plus ? Rien, le retour au collège est comme un coup de massue, un autre, après tant d'autres. 


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