Une semaine hier que la fermeture des établissements a été annoncée. Le confinement se durcit de jour en jour, la population ne prenant que lentement conscience de la gravité de la situation (à mon humble avis, la demande du gouvernement de maintenir les élections municipales n'ayant pas arrangé les choses ou plutôt ayant brouillé le message initial) : nous sommes enfermés avec nos enfants dans notre appartement. Nous sommes chanceux, il donne sur une cour intérieure, on peut du coup s'aérer à bas coup.
Nous nous organisons progressivement et en cette fin de semaine commençons à prendre nos marques.
Le début de la semaine a été marquée par des difficultés de couple : dimanche, mon compagnon est allé voter, j'étais contre. Il est allé bosser lundi, j'étais contre aussi. Je lui ai mis la pression pour qu'il ne se rende pas à son boulot mardi. Il est resté à la maison et ça a été l'enfer : il a télétravaillé en mode pas cool, calfeutré dans notre chambre, ne faisant attention à rien ni personne, ne déjeunant même pas avec nous, adoptant un air constamment buté et se reposant totalement sur moi pour la gestion de tout. J'ai pété un câble mardi soir, on s'est disputés, on a mis les choses à plat et maintenant ça va carrément mieux (comme quoi rien ne vaut de communiquer !).
La journée des enfants s'est organisée : ils font leurs devoirs le matin, je les accompagne en m'occupant de mes élèves. L'après-midi est réservé aux activités : ils jouent sur leurs écrans, lisent, regardent la télévision ou jouent dans la cour (ballon, badmington). Je leur ai imposé une sortie par jour d'un peu moins une heure, on va se balader ou courir dans la ville, histoire de les défouler un peu (et puis aussi de m'aérer). Cette sortie se réduit peu à peu au gré du durcissement du confinement, on en est progressivement réduits à plusieurs tours du pâté de maisons.
Pour les courses on se fait livrer, c'est ce qu'on fait depuis la naissance des enfants, on n'a pas changé nos habitudes. Ça a été un peu compliqué de passer une commande, car les demandes avaient explosé avec le confinement mais on a fini par y arriver. On n'a pas pris plus (mon panier a affiché le montant habituel), on a résisté à la panique ambiante mais ça tenait quand même un peu de l'exploit, j'avoue !
Prise dans la mise en place d'un protocole quotidien, désireuse de limiter au maximum la casse pour mes enfants, j'ai basculé tout doucement dans une forme de sidération : je me suis recroquevillée sur ma famille, en mode bouclier. Rapidement je n'ai plus voulu écouter la radio comme nous le faisions avant, avec France Inter en fond sonore toute la journée, mes échanges se sont peu à peu réduits à mon compagnon et mes enfants.
Hier deux évènements m'ont fait brutalement basculer dans la réalité : un appel de ma maman qui m'apprenait que ma grand-mère était confinée dans sa chambre de maison de retraite, comme tous les autres résidents d'ailleurs, et une amie qui m'a dit avoir chopé le virus (et avoir été très mal prise en charge par le milieu médical, mais passons). Ces deux annonces m'ont glacé le sang : préoccupée par le bon fonctionnement de mon foyer, omnibulée par mon désir de gérer au mieux, j'avais fini par oublier pourquoi nous nous confinions...
J'ai été prise d'une irrépressible envie d'appeler mes amis pour m'assurer qu'ils allaient bien. Car c'est surtout ça qui nous arrive : la possibilité de perdre un être cher.
Du coup, en y réfléchissant bien, je ne suis pas sûre de vouloir sortir de cette sidération organisationnelle, c'est peut être tout ce que ma psyché a trouvé pour que je ne perde pas trop les pédales !
Nous nous organisons progressivement et en cette fin de semaine commençons à prendre nos marques.
Le début de la semaine a été marquée par des difficultés de couple : dimanche, mon compagnon est allé voter, j'étais contre. Il est allé bosser lundi, j'étais contre aussi. Je lui ai mis la pression pour qu'il ne se rende pas à son boulot mardi. Il est resté à la maison et ça a été l'enfer : il a télétravaillé en mode pas cool, calfeutré dans notre chambre, ne faisant attention à rien ni personne, ne déjeunant même pas avec nous, adoptant un air constamment buté et se reposant totalement sur moi pour la gestion de tout. J'ai pété un câble mardi soir, on s'est disputés, on a mis les choses à plat et maintenant ça va carrément mieux (comme quoi rien ne vaut de communiquer !).
La journée des enfants s'est organisée : ils font leurs devoirs le matin, je les accompagne en m'occupant de mes élèves. L'après-midi est réservé aux activités : ils jouent sur leurs écrans, lisent, regardent la télévision ou jouent dans la cour (ballon, badmington). Je leur ai imposé une sortie par jour d'un peu moins une heure, on va se balader ou courir dans la ville, histoire de les défouler un peu (et puis aussi de m'aérer). Cette sortie se réduit peu à peu au gré du durcissement du confinement, on en est progressivement réduits à plusieurs tours du pâté de maisons.
Pour les courses on se fait livrer, c'est ce qu'on fait depuis la naissance des enfants, on n'a pas changé nos habitudes. Ça a été un peu compliqué de passer une commande, car les demandes avaient explosé avec le confinement mais on a fini par y arriver. On n'a pas pris plus (mon panier a affiché le montant habituel), on a résisté à la panique ambiante mais ça tenait quand même un peu de l'exploit, j'avoue !
Prise dans la mise en place d'un protocole quotidien, désireuse de limiter au maximum la casse pour mes enfants, j'ai basculé tout doucement dans une forme de sidération : je me suis recroquevillée sur ma famille, en mode bouclier. Rapidement je n'ai plus voulu écouter la radio comme nous le faisions avant, avec France Inter en fond sonore toute la journée, mes échanges se sont peu à peu réduits à mon compagnon et mes enfants.
Hier deux évènements m'ont fait brutalement basculer dans la réalité : un appel de ma maman qui m'apprenait que ma grand-mère était confinée dans sa chambre de maison de retraite, comme tous les autres résidents d'ailleurs, et une amie qui m'a dit avoir chopé le virus (et avoir été très mal prise en charge par le milieu médical, mais passons). Ces deux annonces m'ont glacé le sang : préoccupée par le bon fonctionnement de mon foyer, omnibulée par mon désir de gérer au mieux, j'avais fini par oublier pourquoi nous nous confinions...
J'ai été prise d'une irrépressible envie d'appeler mes amis pour m'assurer qu'ils allaient bien. Car c'est surtout ça qui nous arrive : la possibilité de perdre un être cher.
Du coup, en y réfléchissant bien, je ne suis pas sûre de vouloir sortir de cette sidération organisationnelle, c'est peut être tout ce que ma psyché a trouvé pour que je ne perde pas trop les pédales !
Beau récit qui résume bien nos difficultés au quotidien
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